La Complainte de la Butte - Cora Vaucaire (189)

En haut de la rue Saint-Vincent
Un poète et une inconnue
S'aimèrent l'espace d'un instant
Mais il ne l'a jamais revue

Cette chanson il composa
Espérant que son inconnue
Un matin d'printemps l'entendra
Quelque part au coin d'une rue

La lune trop blême
Pose un diadème
Sur tes cheveux roux
La lune trop rousse
De gloire éclabousse
Ton jupon plein d'trous

La lune trop pâle
Caresse l'opale
De tes yeux blasés
Princesse de la rue soit la bienvenue
Dans mon cœur blessé

Les escaliers de la butte
Sont dures aux miséreux
Les ailes des moulins
Protègent les amoureux

Petite mandigotte je sens ta menotte
Qui cherche ma main
Je sens ta poitrine et ta taille fine
J'oublie mon chagrin

Je sens sur ta lèvre
Une odeur de fièvre
De gosse mal nourri
Et sous ta caresse
Je sens une ivresse qui m’anéantît

Les escaliers de la butte
Sont dures aux miséreux
Les ailes des moulins
Protègent les amoureux

Mais voilà qu'il flotte
La lune se trotte
La princesse aussi
Sous le ciel sans brume
Je pleure a la brune
Mon rêve évanoui