Emmenez-moi - Charles Aznavour (363)

Vers les docks où le poids et l’ennui
Me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi de fruits
Les bateaux
Ils viennent du bout du monde
Apportant avec eux
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciel bleu
De mirage
Traînant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d’éternels étés
Où l’on vit presque nu
Sur les plages
Moi qui n’ai connu toute ma vie
Que le ciel du nord
J’aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord

Emmenez-moi au bout de la Terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Dans les bars à la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d’amour
Un verre à la main
Je perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M’enlève et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grève
Où je vois tendant les bras
L’amour qui comme un fou
Court au-devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêve
Quand les bars ferment que les marins
Rejoignent leur bord
Moi je rêve encore jusqu’au matin
Debout sur le port

Emmenez-moi au bout de la Terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Un beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerai dans la soute à charbon
Prenant la route qui mène
À mes rêves d’enfants
Sur des îles lointaines
Où rien n’est important
Que de vivre
Où les filles alanguies
Vous ravissent le cœur
En tressant m’a-t-on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent
Je fuirai laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagages et le cœur libéré
En chantant très fort

Emmenez-moi au bout de la Terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Emmenez-moi au bout de la Terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil