La Vie par procuration - Jean-Jacques Goldman (370)

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision

Levée sans réveil
Avec le soleil
Sans bruit sans angoisse
La journée se passe
Repasser poussière
Y a toujours à faire
Repas solitaires
En point de repère

La maison si nette
Qu’elle en est suspecte
Comme tous ces endroits
Où l’on ne vit pas
Les êtres ont cédé
Perdu la bagarre
Les choses ont gagné
C’est leur territoire

Le temps qui nous casse
Ne la change pas
Les vivants se fanent
Mais les ombres pas
Tout va tout fonctionne
Sans but sans pourquoi
D’hiver en automne
Ni fièvre ni froid

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision

Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s’étale
Mais finalement de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal
Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Des crèmes et des bains
Qui font la peau douce
Mais ça fait bien loin
Que personne ne la touche
Des mois des années
Sans personne à aimer
Et jour après jour
L’oubli de l’amour

Ses rêves et désirs
Si sages et possibles
Sans cris sans délires
Sans inadmissible
Sur dix ou vingt pages
De photos banales
Bilan sans mystère
D’années sans lumière

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision

Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s’étale
Mais finalement de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal
Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s’étale
Mais finalement de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal
Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons