Les Voisines - Renan Luce (321)

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines
Dont les ombres chinoises
Ondulent sur les volets
Je me suis inventé
Un amour pantomime
Où glisse en or et noir
Tes bas sur tes mollets
De ma fenêtre en face
J’caresse le plexiglas
J’maudis les techniciens
Dont les stores vénitiens
Découpent en tranches
La moindre pervenche
Déshabillée

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines
Qui sèchent leurs dentelles
Au vent sur les balcons
C’est un peu toi qui danses
Quand danse la mousseline
Invitée au grand bal
De tes slips en coton
De ma fenêtre en face
J’caresse le plexiglas
Je maudis les méninges
Inventeurs du sèche-linge
Plus de lèche-vitrines
À ces cache-poitrine
Que tu séchais

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines
Qui vident leurs armoires
En quête d’une décision
Dans une heure environ
Tu choisiras le jean
Tu l’enfileras bien sûr
Dans mon champ de vision
De ma fenêtre en face
J’caresse le plexiglas
Concurrence déloyale
De ton chauffage central
Une buée dense
Interrompt ma transe
Puis des épais rideaux
Et c’est la goutte d’eau
Un ravalement de façade
Me cache ta palissade
Une maison de retraite
Construite devant ma fenêtre
Sur un fil par centaines
Sèchent d’immenses gaines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines

J’ai toujours préféré
Aux voisins les voisines